Vendredi 17 juin

Nous sommes en vacances.

Au départ de Roissy pour l’aéroport de Los Angeles. Même dans cette salle de restaurant à attendre l’embarquement, le centre de Paris me rattrape. Sur les murs sont exposées de vieilles photographies des anciennes Halles de Paris, là où je travaille aujourd’hui ; là où je m’ennuie parfois ; là où j’ai exposé il y a tout juste un an mes photos des Etats-Unis. Dois-je y lire un message quelconque ?

Nous sommes dans l’avion.

Nous glissons au-dessus des terres aussi facilement qu’un oiseau lors de sa migration. Le Groenland étire ses glaces où se mêlent le ciel et la terre. Un mélange de couleurs que les nuages nous font disparaître en une seconde derrière un voile opaque. Aurions-nous rêvé ? Plus tard ce sera au tour du désert de faire son apparition. Un Grand Canyon en grande forme, exhibant des failles, telles d’immenses cicatrices. Une couleur de terre, assez proche du sang. Enfin, presque arrivé à destination, des montagnes noires font leur apparition. Telles des parts de gâteau au chocolat, saupoudré de sucre glace. Je n’en peux plus d’attendre, j’ai des visions étranges…

Nous sommes arrivés.

Nous quittons l’aéroport, portés par nos dernières ressources, nos dernières forces. Nous sommes rapidement bousculés par les bruits qui nous accueillent, la foule, la danse incessante des voitures sous un soleil de plomb. C’est un ballet qui nous agresse, mais dans lequel nous devons nous plonger pour rejoindre Los Angeles. Après une longue route, nous retrouvons enfin l’hôtel. C’est sur le balcon de la chambre, où se caressent dans un vent léger des feuilles d’un palmier magnifique, que nous prenons enfin conscience de nos vacances. Epuisés, mais heureux.

Voilà plus de vingt-quatre heures que nous sommes debout ou devrais-je dire assis. Nos jambes nous portent encore mais nos paupières s’alourdissent et nos yeux papillonnent. Mais nous résistons encore. Nous avons tant attendu cet instant. Ce n’est que le début…