Etape 2

Retour sur Paris, retour à la maison.
Les trois semaines en Californie sont terminées et j'ai repris le chemin du travail. Me remettre face à mon ordinateur, mon bureau dos à la fenêtre et ma liste de clients à contacter pour tenter de vendre quelque chose a été très difficile. Il est où le plaisir, elle est où l'étincelle ?
Je me suis rendu compte qu'il fallait que j'agisse.
Je veux pouvoir rentrer de vacances et avoir un simple plaisir de pousser une porte pour retrouver des collègues de travail, une ambiance, des dossiers, des clients, que sais-je encore...
J'ai donc pris la décision de me bouger, de franchir la frontière et d'aller voir ailleurs si l'herbe est aussi verte que dans mes souvenirs, si le ciel est aussi bleu.
Etape après étape, je vais avancer. En tout cas, je vais essayer...

Voilà, il fallait que ça arrive.
Dernier jour de vacances, grand retour sur Paris, à la vie parisienne. Retrouver son appartement, ses voisins, son travail, ses amis, retrouver sa vie de tous les jours et garder en mémoire ces instants magiques que nous avons partagé à deux durant trois semaines. Privilégiés comme il n'est pas permis. Privilégiés comme nous nous le sommes permis.
Nous allumons la télévision pour prendre notre petit-déjeuner et ce sont les nouvelles des attentats de Londres qui apparaissent. Dans la nuit, pendant que nous dormions, des dizaines de personnes sont mortes et des centaines blessées. Comment en est-on arrivés là ?
Nous essayons de croire que tout est plus léger qu'il n'y parait, mais hélas, il n'en est rien. Alors que les anglais venaient de fêter leur sélection pour les Jeux Olympiques 2012 et le Live Aid 2005, les voilà à présent plongés dans l'horreur la plus totale.
Dans cette ambiance particulière, nous nous préparons quand même pour l'aéroport. Nous quittons la chambre, nous quittons West Hollywood, nous quittons Los Angeles et les Etas-Unis et dans le ciel qui brûle du soleil qui se couche, je pense au prochain voyage qui nous permettra de retourner sur nos pas ou sur d'autres si Dieu le veut... Merci.

Avant dernier jour sur Los Angeles. Nous décidons de descendre vers la 3e rue sur Santa Monica, pour nous baigner une dernière fois dans une rue commerçante, voir du monde. L'après-midi, nous savons que nous irons nous allonger au bord de la piscine du centre de fitness pour une détente absolue.

Marché sous le soleil, entre les étals colorés et parfumés, la foule qui ondule, de la musique...
Un vrai bonheur de dernier jour, avant le tout dernier...

Une descente à Downtown, une descente au soleil et dans le grand marché couvert que nous avions découvert il y a deux ans par hasard. Cette fois-ci, pas de hasard, nous reprenons le même chemin, les mêmes trottoirs, les mêmes ombres, mais pas le mêmes sensations. Nous nous sentons plus libres de prendre des photos, plus détendus aussi. Nous nous glissons entre les immeubles, les buildings aux ombres de géants et nous prenons un bain d'odeur dans le "Grand Central Market". Une population plutôt latine, une autre plutôt asiatique et les parfums se mélangent comme les personnes au rythme des saisons. Des couleurs étalées, des fruits et des légumes, des haltes pour déguster, des pauses pour se rafraichir... que la vie est belle quand le temps s'arrête tout à coup.

Nous profitons du marché, des rues alentours, des regards, des sourires et toujours des couleurs étalées ça et là, pour beaucoup défraîchies. Mais que la vie semble belle quand on est en vacances et que les gens sont beaux...

Quatre juillet.
Fête d'indépendance des Etats Unis.
Nous ne faisons rien, nous trainons, nous restons dans notre quartier de West Hollywood, profitant de la journée pour aller à la salle de sport. Une nouvelle fois. Nous allonger au bord de la piscine, nager, faire un peu de musculation, regarder plus musclés que nous...
Le soir, les feux d'artifice éclaboussent le ciel dans tout Los Angeles, mais nous restons en chambre.
Une journée comme une autre sur la Terre.

Avant d'aller nous promener dans le cimetière située derrière les studios de la Paramount, nous nous arrêtons quelques minutes devant le studio que Monsieur Chaplin a créé il y a bien longtemps, quand tout ce que nous avons autour de nous, n'était pour la plupart que des champs. La grenouille tient toujours son chapeau à l'entrée des bâtiments, mais les studios eux ont disparus.
Peu après, quand nous pénétrons enfin dans le "Hollywood Memorial Park", nous y avions déjà fait un bref passage il y a trois ans, nous décidons de garer la voiture dans une allée et de nous . Malgré le soleil brûlant. Même les palmiers qui s'alignent autour de nous, ne peuvent nous protéger.

Entre les allées, nous errons au hasard des tombes, des rencontres et du temps. Des canards, des paons, des nénuphars, des palmiers, des bougainvilliers... combien de fleurs encore, combien de pensées déposées ça et là, combien de larmes. Une Rolls attend dans une allée, un ancien corbillard recouvert de poussières. Quels corps célèbres a-t-il bien pu porter ? Nous refusons de payer les cinq dollards pour avoir un plan et connaître l'emplacement exact de nos stars enterrées. Mais le hasard nous fait croiser des visage connus ou inconnus (Johnny Ramone, David White, Hattie McDaniel, Ryan C. Planty...).

C'est une belle journée pour une promenade dans le temps...

Rouler en banlieue pour faire un centre commercial. Encore un, comme on les aime. Tout ça pour trouver des vêtements de la marque Abercrombie & Fitch Kids à ma taille et avec des soldes, si possible. Durant ces trois semaines de voyage, nous n'avons pas arrêté de courir ces magasins éparpillés sur la carte routière, comme des points perdus sur nulle part. Car bien écidemment, il n'en existe pas en centre ville.
Tout en prenant la route, je saisis les moments que nous croisons, les gens. Même lorsque nous revenons et que la nuit venue, nous reprenons la voiture pour prendre un verre, où pour nous promener, je mitraille la ville comme je l'aime. Insaissisable...

Premier jour d'un nouveau mois. Los Angeles est toujours là et je me réveille avec elle.
Nous flanons tranquillement et nous reprenons le chemin des étoiles sur Hollywood boulevard. Je bade, le nez en l'air, l'oeil de tous les côtés pour être bien certain que je n'ai rien raté avant de repartir...
Il fait toujours beau, la chaleur nous accompagne et je profite du paysage comme si c'était la première fois...

Nous voilà plongés dans les tâches ménagères indispensables pour continuer à profiter de ces dernières journées. Laverie automatique et courses au supermarché. Nous nous devons de faire ce qui est nécessaire pour tenir jusqu'au bout de notre séjour. Puis quand le soir arrive, nous roulons dans Melrose avenue pour aller prendre un verre, profitant ainsi des lumières de la ville que nous aimons tant. Suis-je en train de rêver ? Je profite réellement de la ville comme si j'y habitais tous les jours de l'année, comme si je pouvais ancrer mes pensées et mon coeur sur ses trottoirs chauffés par le soleil et ces néons multicolores qui poussent au bord comme du chiendent... Je suis pourtant bien là et encore pour un moment...

Nous sommes de retour "à la maison". L'hôtel nous attend pour poser nos valises et attendre le plus longtemps possible le retour vers Paris. En attendant, nous nous installons au bord de la piscine et nous essayons de ne penser à rien... juste se laisser bercer par le vent dans les bougainvilliers et les sirènes passant furtivement dans Santa Monica boulevard un peu plus bas.